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Industrie musicale du Sénégal: le diagnostic sans complaisance des professionnels

Dans le cadre de la conférence Acces de Music in Africa, qui s’est tenu à Dakar du 16 au 18 novembre 2017, un panel a réuni, le 16 novembre, différents acteurs culturels qui ont planché sur le thème de l’industrie musicale au Sénégal.

Directrice de la structure Africa Fête, Rokhaya Daba Sarr, a axé son intervention sur les forces et faiblesses de la diffusion des œuvres musicales. Selon elle, la musique sénégalaise souffre de multiples maux. D’emblée, elle a souligné que « la production est au début et à la fin de la diffusion. » Cependant, cette diffusion est rendue difficile par, nombre de facteurs. Entre autres, elle a cité, « la défaillance des produits qui ne répondent pas toujours aux normes internationales, la faiblesse du nombre de producteurs ou encore le recours timide sinon quasi-existant au digital. »

Autre écueil, et pas des moindres, la concentration des lieux de diffusion des spectacles dans la capitale sénégalaise. « Dans les régions, les centres culturels ne sont pas équipés en plus de manquer de salles pouvant accueillir des spectacles dignes de ce nom. » A en croire Daba Sarr, les lourdeurs administratives, le déficit de financements, la rareté des sponsors, l’absence d’un fonds dédié à la musique, à l’instar du cinéma, plombent le développement d’une industrie musicale sénégalaise.

Pour la directrice d’Africa Fête, la formation ou le renforcement des capacités dans les différents segments musicaux fait également défaut.

Sans nier les nombreuses difficultés qui affectent le secteur musical sénégalais, Daniel Gomes de l’Association des Métiers de la Musique du Sénégal (AMS) s’est, quant à lui, félicité du début d’assainissement de l’environnement juridique. Il en veut pour preuve la loi votée en 2008 qui garantit la propriété intellectuelle. De plus, « la mutation du Bureau sénégalais des droits d’auteurs (BSDA) en Société nationale des droits d’auteur et droits voisins (SODAV) permet aujourd’hui de faire profiter, outre l’auteur d’une œuvre musicale, les producteurs, arrangeurs, etc., des subsides générés par l’œuvre musicale. » Ce qui constitue une grande avancée, puisque auparavant, seul l’auteur était considéré comme propriétaire intellectuelle d’une production musicale. En outre, a fait remarquer Gomes, l’Etat sénégalais s’est engagé à supporter, à travers la SODAV, le passif du défunt BSDA qui se chiffre à 1 milliard 400 millions de francs CFA.

Pour autant, beaucoup reste à faire, notamment sur la question du statut de l’artiste, qui lui permettrait de bénéficier d’une certaine sécurité sociale. Or pour asseoir une véritable industrie musicale, « il faut au préalable une bonne politique culturelle planifiée et inscrite dans le budget national », a expliqué Ousmane Faye, le président d’ADAFEST (Association des Diffuseurs Artistiques et Festivals du Sénégal). Selon lui, un encadrement et une formation sont nécessaires pour passer de l’amateurisme au professionnalisme. Pour cela, l’Etat doit donc s’impliquer, puisque la musique et plus globalement la culture renferme en elle une dimension économique indéniable. Qui disait que la culture est au début et la fin de tout développement ?

Amadou BA    

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