VOYAGES & DECOUVERTES

Découverte: Nouche, serial voyageur

Après Cheikh Moustapha, Africulturelle se tourne vers un autre senegalais friand de voyage. Son surnom c’est Nouche, á l’état civil Mouhamadou Ndiaye. Basé á Londres, il voyage avec son passeport senegalais qu’il a renouvelé trois fois en cinq ans. Il voyage spontanément et fait de la veille sur les moteurs de recherches pour avoir des notifications quand les prix sont abordables. Son blog, c’est NoucheTravel.

 

Africulturelle: Bonjour. Qui est Nouche Ndiaye ?

Nouche: Bonjour. En réalité, Nouche c’est un surnom que j’ai depuis le berceau et auquel je réponds encore. Je m’appelle Mouhamadou Ndiaye, un produit de l’éducation sénégalaise. J’ai fait tout mon parcours pré-universitaire au Sénégal avant de m’installer à Londres pour mes études, en 2008. Je travaille en tant que Project Manager dans les services financiers. Enfin, je suis passionné de la nature, de l’agriculture, de photographie et de voyage. 

D’où vous est venu votre passion pour les voyages ?

Très jeune, mes parents m’embarquaient avec eux dans leurs voyages à travers Sénégal. Ma mère étant à moitié Gambienne et mon père originaire de la région de Fatick, donc naturellement on voyageait pour aller voir mes grands-parents. Grâce à eux, j’ai pu visiter 10 des 12 régions du Sénégal, au temps (maintenant le Sénégal compte 14 régions), et mon père m’achetait souvent des livres d’histoire, d’où mon intérêt pour les lieux historiques, lors de mes voyages.

Comment choisissez-vous vos destinations ?

Pour dire vrai, ce sont les différentes destinations qui se présentent à moi. Je voyage spontanément et fait usage des moteurs de recherches pour avoir des notifications quand les prix sont abordables. Dans un premier temps, j’ai commencé par une petite liste de pays que je voulais visiter, j’ai juste eu l’envie de voir le maximum de pays possible. Actuellement quasiment tous les pays figurent sur ma fameuse liste.

Nouche voyage avec un passeport sénégalais. Y a-t-il des difficultés particulières auxquelles vous êtes confrontés ?

Je voyage bel et bien avec un passeport sénégalais, d’ailleurs, j’ai dû en demander 3 ces dernières 5 années. Les difficultés sont multiples, parce que même en Afrique, d’autres passeports (européens, américains, etc…) ont plus de facilités en termes de mobilité que le mien. Par exemple, pour aller au Kenya ou en Ethiopie, je suis obligé de demander un visa bien en avance. Le plus choquant en revanche, reste quand l’ambassade de Jordanie à Londres m’a demandé un chèque de £6,000 pour garantir que je n’allais pas migrer définitivement dans leur pays.

Beaucoup ont certaines appréhensions par rapport à certaines destinations. Vous est-il arrivé d’être confronté à du racisme dans vos voyages ?

Malheureusement, même en 2020, en tant que noir, nous devons faire des recherches et jauger l’ouverture de certains pays. J’ai eu un incident lorsque j’étais à en Russie à St Pétersbourg, ou les gens étaient réticent à m’adresser la parole alors que je cherchais mon train pour me rendre à Moscou.

Quel a été votre meilleur souvenir de voyage ?

J’en ai vraiment plusieurs, mais je crois que mon meilleur souvenir de voyage reste le week-end que j’ai fait avec ma femme dans la vallée de l’Omo, en Ethiopie. Nous avons côtoyé les tribus Aari et Mursi, avec lesquelles, nous avons appris à préparer du Injera et apprendre un peu plus de leur culture notamment en rencontrant les « femmes plateaux » avec leur ornement labial inférieur appelé Dhébé

Votre pire souvenir ?

J’ai une fois voulu faire un voyage en voiture, de Timisoara (Roumanie) à Odessa (Ukraine) et arrivé à la frontière entre la Moldavie et l’Ukraine, j’ai été appréhendé par la police aux frontières et interrogé pendant quelques heures parce qu’ils n’étaient pas convaincus que j’étais qu’un touriste. Surement dû au fait qu’ils ne sont pas habitués à voir des noirs de ce côté de l’Europe.

Le conseil pour motiver ceux qui hésitent ?

Le monde qui nous entoure est très beau et désire vous rencontrer, contrairement à ce que suggère les légendes urbaines ou les médias. J’essaie autant que je peux de le prouver via mon blog et mon contenu sur Instagram. Il y a tellement de références disponibles avec un peu de recherche. Il ne faut pas hésiter à prendre un peu de votre temps pour vous renseigner et surtout échanger avec des personnes ayant eu des expériences ça peut diminuer certaines appréhensions.

Comment gérez-vous la pression sociale vu qu’au Sénégal ‘’Tous ceux qui voyagent comme vous le faites sont considérés riches comme Crésus’’?

Je comprends tout à fait cette légende. J’essaie plutôt d’utiliser cette énergie pour prouver que ce n’est pas le cas, via le contenu digital que je partage avec mon audience. Le budget et l’itinéraire de mes voyages sont disponibles sur mon blog. Nous sommes à l’ère du digital et avons accès à plusieurs outils pour planifier nos voyages de la meilleure manière. Planifier permet d’avoir le voyage le moins cher et le plus enrichissant possible.

Dans vos différents voyages, peut-on dire que parler anglais est un atout ?

Je pense que oui. Parler anglais m’a facilité les choses dans les 64 des 65 pays que j’ai pu visiter. J’ai aussi eu la chance de grandir au Sénégal, où nous avons des frontières avec 5 pays. Ce qui nous permet d’être exposé à parler différentes langues des plus parlés dans le monde comme l’anglais, le français ou encore le portugais en dehors des autres langues africaines.

C’est après le Baccalauréat que Nouche s’est rendue en Angleterre pour ses études…Racontez-nous votre installation et vos expériences désastreuses à vos débuts.

Oui, je me suis installé en Angleterre après le bac. Mon premier choc était le fait que voyager en vacances et pour s’installer soient si différents. J’étais dans un hôtel arrangé par mon université pendant un peu plus d’un mois et j’ai décidé de me trouver un appartement, chose qui a été assez compliquée. De ce fait, je suis allé à Bristol, chez une tante, le temps de me trouver mon coin. Cette décision m’a couté deux voyages de 3h45 chaque jour,  et cela, pendant le mois du Ramadan – J’ai perdu 15kgs ce mois. J’ai vraiment pensé à rentrer au Sénégal.

Aujourd’hui, quelle est la carrière que vous menez ?

Je suis Project Manager pour un cabinet de services. Un métier que j’exerce depuis près de 8 ans. J’ai en parallèle servi comme testeur de logiciel et analyste d’affaire pendant quelques années.

Envisagez-vous un retour au Sénégal ?

Bien sûr, c’est mon rêve et j’y travaille d’ailleurs. Espérons que cela se concrétise très vite. D’ici-là, je contribue à certains projets avec des amis.

Le mot de la fin ?

Merci beaucoup pour votre temps. J’espère que j’arriverai à convaincre mes compatriotes que le voyage est bien plus simple que ça n’en a l’air et que tout le monde peut le faire. J’exhorte aussi nos ministères du tourisme à faire la promotion du « Visiter l’Afrique » et déployer des fonds pour valoriser nos sites.

Quelle est votre réaction ?

Excité(e)
0
Heureux (se)
0
J'adore
0
Pas certain
0
Niais
0

Vous aimerez aussi

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *