Entre tradition et modernité
Située à l’ouest du Cameroun, la ville de Foumban appelée cité des arts va accueillir bientôt ses premiers visiteurs dans le cadre de l’inauguration du nouveau musée des rois Bamouns. Un joyau très attendu par une fédération d’ethnies qui constitue ‘’les peuples Bamouns’’. Elle est dirigée par un roi membre de la dynastie de Nchare Yen tout premier roi venu de Mbankim à 7km de Foumban il y a sept siècles. Il compte à ce jour environ 10 00 âmes.
Ainsi, ce vieux royaume s’affirme comme une corporation de peuples qui a forgé son unité au cours des siècles. C’est environ deux cents ethnies, soumises par la ruse ou la force, qui sont devenues Bamoun. Elles parlent une seule langue et pratiquent deux religions à savoir l’islam et le christianisme.
Un chantier qui prive le sommeil à tous !
Le bâtiment affiche déjà fière allure au fur et à mesure qu’il sort de terre. De quoi rendre fière l’équipe d’architectes conduite par MBOUOMBOUO ISSOFA après 3 ans de travaux et ravir sa majesté Ibrahim Mbombo Njoya-roi des Bamoun.
Pourquoi construire un nouveau musée des rois Bamoun ?
Le Palais des rois Bamouns est l’une des destinations touristiques les plus convoitées du Cameroun. Il a, en son sein, un musée d’art jusqu’ici traditionnel où est gardée une panoplie d’objets anciens. C’est un lieu de conservation et de transmission d’une histoire vieille de plus de 600 ans.
Aujourd’hui, la production artistique du royaume a quintuplé et une grande réserve d’objets du palais reste toujours loin des regards du public et est menacée de détérioration.
Prenant ce problème à cœur, le 19éme roi des Bamouns, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya pour magnifier son passage au trône des Bamouns et s’inscrire au panthéon de l’histoire, a lancé la construction d’une mégastructure muséale spectaculaire.
C’est dans cette quête d’originalité que les professionnels et autres personnes associés à la construction du musée ont opté pour une architecture à la fois symbolique et identitaire. Ainsi, les formes architecturales rappellent les armoiries Bamouns (serpent, gong à double cloche, araignée mygale). Ce nouveau musée est ainsi la preuve de cette vision lointaine et de cette aspiration profonde des rois Bamouns à préserver la mémoire de leur peuple. C’est dans la perspective de sauvegarder cette dernière que le roi Ibrahim Mbombo Njoya a pris sur lui de construire un musée au caractère à la fois national et international qui permettra de promouvoir la culture camerounaise et pérenniser les valeurs traditionnelles et coutumières du peuple bamoun. Un joyau qui comporte au rez-de-chaussée une salle de spectacles d’une capacité de 300 places, d’un espace d’exposition permanente et d’un espace d’exposition internationale.
Le nouveau musée : une plus-value pour le développement touristique et économique
La culture et l’art au fil du temps sont devenus des vecteurs de développement, d’émergence pour les pays et assure un rayonnement des peuples au plan international. Dans le royaume Bamoun, la culture dans ses différentes manifestations ne cesse de focaliser les attentions. L’ancien musée des rois Bamouns avait vu le jour sous le règne du roi Njoya 17e et se trouve dans l’actuel palais royal.
Il regorge de plusieurs objets d’arts d’origine diverse traduisant ainsi la diversité culturelle dudit peuple. Tous les jours depuis plus de cent ans, les touristes affluent dans la ville afin de visiter les six siècles glorieux d’histoire du peuple Bamouns. De même, la ville vit au rythme de la culture et des activités artistiques et artisanales. Son apport économique, infrastructurel, touristique, et son rôle dans le transfert culturel, la conservation de la culture matérielle et immatérielle du Cameroun et en particulier du département du Noun est réel. Pourtant cette fédération d’ethnies a encore une réserve d’objets non exposés dans le musée du palais actuel.
Hassan Fifen N’JOYA
Curator et Critique d’art
Cameroun
