TROIS QUESTIONS POUR NOËL LAMAH, DIRECTEUR GÉNÉRAL ONACIG

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’Les réformes qui sont en train d’être mises en place en Guinée…’’

La Guinée fait son come-back au Fespaco. Qu’est-ce qui explique la longue absence de votre pays à ce rendez-vous du 7e art ? 

En réalité, il y a eu une rupture. La première République avait mis au cœur de sa politique le développement de la culture, notamment du cinéma, de la vidéo et de la photographie. Et c’est pourquoi le président de la République d’alors, Ahmed Sékou Touré, avait non seulement envoyé des Guinéens se former dans les pays de l’Est, mais en plus, à leur retour, il a créé un complexe cinématographique. Ce dernier était complet, c’est-à-dire qu’on pouvait venir avec un projet de film et repartir avec le film. Il y avait les laboratoires, les plateaux de tournage, des auditoriums, tout. Mais en 1984, quand il y a eu la prise du pouvoir, les nouvelles autorités ont décidé de libéraliser les initiatives. Le fameux Programme d’ajustement structurel a poussé les pays africains à se désengager de tous ces secteurs. Il y a eu une descente aux enfers. Depuis, il a fallu attendre 2004 pour que l’État se rende compte du fossé que cela a créé. L’État a pu mettre en place un Institut supérieur des arts qui forme les cadres dans le domaine du cinéma, de la vidéo et de la photo. Mais aussi dans le domaine des arts plastiques, de la musique et des arts dramatiques. Moi, je suis un produit de cet institut. Je suis de la deuxième promotion. 

Après cette étape-là, l’État s’est rendu compte qu’il ne suffit pas de former. Parce que si l’on forme et qu’il n’y a pas de possibilité pour les sortants de l’institut de pouvoir pratiquer leur métier, il y a problème.

Il fallait qu’il y ait un rapport entre la formation et le marché de l’emploi. Donc, c’est dans cette optique que l’Office national du cinéma, de la vidéo et de la photo  (Onacig) a été repensé. En principe, il est la direction nationale qui met en œuvre la politique du gouvernement en matière de cinéma.  Cela signifie que la réglementation des métiers du cinéma, la formation des intervenants des métiers du cinéma, la fixation sur support durable de la mémoire collective et le développement de l’industrie du cinéma lui incombent. Cette année,  il y a une nouvelle équipe, mais surtout  la volonté manifeste du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya. 

D’ailleurs, il a assigné le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat de faire du cinéma une priorité.

Le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, ne s’en est pas seulement tenu à cela. Il a sorti un décret pour créer le Fonds de développement de l’industrie du cinéma. Il est logé à l’Office national du cinéma. Mieux encore, pendant que nous sommes à Ouagadougou, il y a un deuxième décret qui va sortir. Il va permettre qu’on alimente ce fonds avec la contribution de l’État comme subvention, mais aussi la contribution de tous les intervenants des métiers du cinéma. 

Brièvement, c’est qui est en train de se faire comme réforme au niveau national. 

Cela coïncide avec le retour de beaucoup de techniciens sur le marché. Aujourd’hui, le Fespaco tient sa 28e édition et il y a au moins six Guinéens qui participent à différents niveaux. Il y a un film documentaire, ‘’Au cimetière de la pellicule’’, qui est en compétition dans la catégorie long métrage documentaire. Il y a aussi le film d’une étudiante de l’Institut des arts dans la catégorie film d’école. Deux jeunes Guinéens participent à l’atelier Yennenga postproduction, et coproduction internationale. C’est pourquoi nous avons saisi cette opportunité, d’abord, pour faire un point de presse en Guinée pour annoncer le come-back de la Guinée et le ministre de la Culture qui soutient ces réformes a bien voulu nous accompagner en venant ici à Ouagadougou. Il est en train de présenter tout ce qui est en train d’être fait.  Il est là également pour soutenir ceux qui participent d’une manière ou d’une autre à ce Fespaco. Ceux qui sont en compétition, il leur dit qu’ils sont nos champions parce que nous considérons le Fespaco comme la coupe d’Afrique du cinéma. Il faut que nous soyons là, mais également que nous puissions montrer quelles sont les réformes que nous sommes en train de mettre en place. Mais aussi montrer la dynamique de la nouvelle génération qui veut coûte que coûte faire des films et qui ne demande que le soutien de l’État. 

Par ailleurs, on est là pour dire aux autres pays que nous avons aujourd’hui créé un fonds et que nous venons pour prendre contact avec tous ceux qui ont des fonds pour qu’ensemble, nous puissions réfléchir sur le modèle africain en matière de coproduction, parce qu’on ne peut pas venir à une table  de négociation les mains vides.

Il est doté de combien, ce fonds et est-il prévu dans la politique établie l’ouverture de salles de cinéma ?

Le montant exact sera connu cette année. On saura d’ici la fin de l’année le montant que l’État va mettre ainsi que le montant des contributions de tous ceux qui sont dans les métiers du cinéma. On espère que le fonds aura un montant conséquent pour pouvoir signer des accords de coproduction avec nos homologues de la sous-région. 

Pour les salles de cinéma, elle est prise en compte. On a pensé le  développement du cinéma sur cinq ans. Nous avons aujourd’hui une vision de cinq ans du développement du cinéma et cette vision est matérialisée par l’élaboration d’un plan stratégique qui est financé par Enabel, qui est l’agence belge de coopération qui va financer ce plan stratégique qui tient compte de tout ce qu’il faut pour faire décoller une industrie du cinéma. Ce plan stratégique tient compte des axes. Le premier axe est le cadre juridique, c’est-à-dire les textes du cinéma. Le secteur a connu beaucoup de mutations, donc il faut réécrire les textes. Il faut faire en sorte qu’il y ait des garanties, que l’État donne pour permettre aux gens d’investir. C’est à l’État de rendre le climat d’affaires favorable. 

Le deuxième axe de ce plan stratégique concerne la formation et le renforcement de capacités. Le troisième axe est la politique incitative pour pousser ceux qui en ont les moyens de créer des salles de cinéma ou bien des studios ou tout simplement investir dans le cinéma. 

Le quatrième axe, c’est l’axe financement, c’est pourquoi ce fonds a été créé. Maintenant, on est en train de voir le mécanisme d’alimentation du fonds. Le dernier axe concerne la promotion. Aujourd’hui, il y a la volonté manifeste des nouvelles autorités de récupérer les biens de l’État. Il se trouve que pendant la première République, l’Office national du cinéma avait 27 salles de cinéma étatiques. Elles ont toutes été bradées, vendues à des privés. Nous  profitons de cette volonté manifeste des nouvelles autorités pour récupérer ces salles de cinéma et les rénover dans l’optique de créer un réseau de salles de cinéma en Guinée. Qui dit production, dit distribution. C’est là l’économie du cinéma. 

Quelle va être la part participative de la télévision nationale guinéenne, en attendant d’avoir des salles de disponibles ? 

La télévision nationale fait partie de cette vision stratégique. Elle est une entité étatique. D’ailleurs, à la base, l’Office national du cinéma relevait du ministère de la Culture et de l’information. Tous les contenus que nous produisons passent à la RTG. Je rappelle que l’une de nos missions, c’est aussi la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel, et notre espace de diffusion reste la RTG.

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