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Théâtre: Le FITHEB 2018 dans la sauce

Esckil AGBO journaliste culturel, auteur de la campagne  » Je suis FITHEB 2018″ a écrit une chronique sur Dekart pour dénoncer le sort réservé à ce festival béninois. Nous le reproduisons ici:

Quand aura lieu la 14ème édition du Festival International de Théâtre du Bénin (FITHEB) ? Le FITHEB 2018 se tiendra –t- il ?

Ce sont les interrogations qui torturent l’esprit des acteurs de la chaîne théâtrale du Bénin. Ceux de la sous- région se posent eux- aussi les mêmes questions. ‘’Votre FITHEB – là est pour quand ?’’

Parmi ces acteurs, il y en a qui ont postulé à l’appel à création que la direction générale de la biennale avait lancé en début du 2ème semestre de l’année 2017.

Mais en réponse à ces préoccupations, les autorités béninoises ont choisi le silence. La direction du FITHEB et sa hiérarchie sont les seules à savoir si l’événement se tiendra ou pas. Elles sont les seules à savoir où sont rangés les dossiers de candidature des postulants à l’appel. Elles sont également les seules à savoir si cet appel à création connaîtra une délibération.

La direction du FITHEB et le ministère du tourisme, de la culture et des sports sont les seuls, capables de nous dire ce qui se passe.

Sinon, pour nous, le FITHEB 2018 est dans la sauce. Et ils en sont les principaux responsables. C’est un destin fatal qu’ils font supporter à la biennale, à ses sympathisants et aux acteurs du théâtre.

Ils ont mis le FITHEB 2018 dans la sauce par leur silence du couvent autour de son organisation. L’événement aura bientôt 30 ans mais il est traité à la veille de chaque édition comme une manifestation qui est sur le point d’ouvrir sa première page. Des festivals de théâtre et ou multidisciplinaires dans la sous- région sont nés des dizaines d’années après le FITHEB, ils ne sont pas de l’Etat mais ils sont professionnellement tenus. Les Récréatrales au Burkina Faso et le festival sur le fleuve Niger au Mali sont des exemples.

Comme événement à la charge de l’administration centrale du pays, nous avons à Abidjan le Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA) tenu avec un sens de professionnalisme bien soigné. L’Etat ivoirien, le principal financeur prend toutes les dispositions pour éviter d’être comptable d’une quelconque écorchure sur l’événement. Doté d’une séduisante crédibilité, le MASA, au-delà de ce que le gouvernement lui octroie, mobilise lui- même auprès des institutions internationales des fonds allant jusqu’à 800 millions de francs CFA parfois.

Pour la dernière édition, c’est – à dire celle de 2016, la biennale d’Abidjan a atteint le chiffre de 2500 festivaliers parmi lesquels, plus de 300 journalistes et 345 professionnels.

Pour le financement, le gouvernement ivoirien, c’est-à-dire le ministère de la culture, l’Etat a mis à la disposition de la direction 640 millions de francs Cfa, le district d’Abidjan, 300 millions FCFA et l’OIF, une subvention de 200 millions FCFA. A côté de ces appuis, la direction générale du Masa elle-même a démarché des subventions complémentaires auprès des organismes tels que l’Uemoa, la Cedeao, Wallonie Bruxelles et avec les sponsorings des structures comme Royal Air Maroc, les compagnies de téléphonie mobile et les entreprises nationales. Au moins 500 millions FCFA ont été mobilisés par les propres recherches de la direction.

L’Etat et la ville d’Abidjan font le devoir qui est le leur dans l’organisation du MASA. Leur contribution régulière rend crédible la direction générale qui va chercher d’autres appuis dans le monde.

En revanche, pour le FITHEB, la direction générale doit d’abord faire des pieds et des mains pour que sorte la part de l’Etat. Le Ministère de la culture avant de satisfaire le FITHEB lui fait boire ses caprices. Celui des finances pour décaisser les fonds ajoute les siens. Le directeur de la biennale se voit obliger de faire les couloirs. C’est ce qui se passe. C’est connu mais garder secret.

La conséquence fâcheuse directe de ces gymnastiques est le manque de crédibilité de l’événement auprès des bailleurs de fonds. Le cas échéant l’Etat devient l’unique financeur et puisqu’il a plusieurs priorités et que la culture n’en fait d’ailleurs pas partie, bienvenue aux dégâts.

L’événement n’est pas tenu à temps. Il est soumis à des séries de reports de dates.
Simplement, il est mis dans la sauce.

Fin cette chronique, je vous retrouve jeudi prochain.

Esckil AGBO

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