CINEMA

«OUAGA, CAPITALE DU CINÉMA» DE MOHAMED CHALLOUF Diffusé le 27 février 2019

«Ouaga, capitale du cinéma» du Tunisien Mohamed Challouf sera diffusé, en début de soirée, le 27 février 2019. Il sera au programme de Canal+ Afrique, à l’occasion du cinquantenaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Une occasion pour Zouhour HARBAOUI de revenir sur ce documentaire, véritable mine d’or sur le FESPACO.

«Ouaga, capitale du cinéma» de Mohamed Challouf sera diffusé sur la chaîne Canal+ Afrique, et ce, le 27 février, à l’occasion du cinquantième anniversaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO/Burkina Faso).

Ce documentaire, datant de 2000 et d’une durée de 63 minutes, a été interdit durant de nombreuses années au Burkina, sous le règne de Blaise Compaoré, car il rend, en partie, hommage au président Thomas Sankara, et met à l’index l’homme qui a commandité son assassinat pour prendre sa place. Il met également à l’index le frère de Blaise Compaoré qui a fait éliminer le journaliste Norbert Zongo. Ce «zoom» politique intervient mais n’occulte pas le thème principal qu’est le cinéma africain à travers le FESPACO, avec des images, des photos d’archives et des interventions.

«Ouaga, capitale du cinéma» est un grand témoignage de cette aventure initiée par un groupe de cinéphiles et qui est devenue le plus grand festival de cinéma africain.

Ce documentaire est avant tout dédié à Djibril Diop Mambéty, que Mohamed Challouf appelle «mon frère». D’ailleurs, la première image du documentaire est celle de ce cinéaste sénégalais, qui avance tel un mirage dans le désert. Il se retrouve au milieu d’un groupe d’enfants et leur dit : «Alors voilà comment on fait du cinéma. A partir de ce soir, pour faire un film, on ferme les yeux. On ferme bien. Et là dedans, dans le noir, il y a des étincelles. Il y a de la lumière. On invente des histoires. De belles histoires. Le noir devient l’écran blanc. Et notre belle histoire débute». Et la belle histoire du documentaire de Mohamed Challouf, c’est le FESPACO.

«Voyage à Ouaga»

Et pour boucler la boucle, comme pour encadrer une photo-souvenir ou comme pour que l’on continue à parler du documentaire, le réalisateur tunisien fait revenir les images des enfants avec Djibril Diop Mambéty. Et l’on entend ce dernier leur dire : «Et on ouvre les yeux. Le film, il est déjà là. On invite les gens à le voir. Alors merci, moi j’ai été au cinéma ce soir. Et je vais rentrer sagement à la maison. Et demain matin, je raconterais ça à mon petit frère».

C’est à un véritable «voyage à Ouaga», pour reprendre le titre du film du réalisateur congolais Camille Mouyeké ; un voyage dans l’espace et dans le temps que ce documentaire nous invite à faire.

Au milieu des années 80, Mohamed Challouf va découvrir et Ouaga et le FESPACO. D’ailleurs, il le dit dans son documentaire, à travers la voix off de Fadhel Jaïbi, : «En février 1985, je franchis pour la première fois le Sahara et atteint Ouagadougou à partir de mon pays natal, la Tunisie (…) C’est mon premier voyage en Afrique noire que j’ai, jusqu’alors, connue qu’à travers quelques films présentés aux Journées cinématographiques de Carthage, et à travers des images de guerre et de famine produites par les médias occidentaux, et diffusées, entre autres, par la télévision de mon pays. C’est également ma première fois au FESPACO, festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (…) Je me trouve devant un événement extraordinaire».

A travers «Ouaga, capitale du cinéma», le cinéaste tunisien est témoin mais fait, également, témoigner des hommes et des femmes du septième art, à l’instar du Mauritanien Abderrahmane Sissako, des Tunisiens Férid Boughédir et Kahéna Attia, ou de la grande couturière sénégalaise Oumou Sy.

Challouf, membre du jury du Prix Thomas Sankara

Dans son témoignage, Férid Boughédir déclare : «J’ai assisté à tous les FESPACO depuis que le FESPACO est devenu compétitif, c’est-à-dire depuis 1972 (…) A l’époque, il n’y avait que deux salles de cinéma (…), salles en plein air, sans fond. C’était assez extraordinaire, car on devait attendre que la nuit tombe pour pouvoir aller voir les films».

Quant à Kahéna Attia, il aurait été impensable pour elle de rater un FESPACO : «Sauter un FESPACO jusqu’à aujourd’hui serait rompre avec ce à quoi je m’étais engagée».

Le documentaire de Mohamed Challouf est, également, émaillé d’extraits films et d’images d’archives où l’on peut voir des cinéastes aujourd’hui disparus comme Idrissa Ouédraogo ou encore Taïeb Louhichi.

Peut-être y aura-t-il une suite à «Ouaga, capitale du cinéma». En tout cas, Mohamed Challouf sera bien présent au cinquantenaire du FESPACO, puisqu’il est membre du jury du Prix Thomas Sankara ; prix dont la présidente est la réalisatrice burkinabè Fanta Régina Nacro. Une occasion, aussi, d’apporter, à l’occasion de cette 26e édition, son témoignage sur son premier FESPACO. Témoignage dans lequel il a écrit : «Cette première rencontre avec le Burkina, et la découverte de son jeune président Thomas Sankara, aura été pour moi une expérience extraordinaire qui a marqué profondément ma vie et a eu une grande influence sur mon parcours  professionnel. Elle m’a permis surtout de remettre en question beaucoup de préjugés et de commencer à regarder avec plus d’intérêt et de fraternité vers le sud du Sahara et tout le reste du continent».

Zouhour HARBAOUI

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