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Omar Pène : un Happy Day boosté par la 4G.

Le titre peut faire penser à un slogan d’un opérateur de télécommunications mais il s’agit bel bien du concert anniversaire d’Omar Pène. Le chanteur a célébré ce 29 décembre 2017 ses 62 ans dont une quarantaine passée sur la scène musicale (le Diamono est né en 1976). Cet événement avait des goûts de retrouvailles entre Omar Pène et le public puisque son dernier grand concert à Dakar remonte au 31 août 2014 au même endroit. Il avait aussi un goût de curiosité : le Super Diamono a fait sa mue pour la troisième fois.

Après le Diamono, le Super Diamono et le Super Diamono New Look, voici le Super Diamono 4G ; 4G comme quatrième génération de musiciens. Ils sont très jeunes par rapport à Omar Pène mais sont pétris de talents. Ce rajeunissement est aussi un retour aux sources sous plusieurs aspects. Le Super Diamono a toujours été marqué par la jeunesse du groupe et la proximité du lead-vocal avec la jeunesse. D’ailleurs il se dit toujours « ami des jeunes et surtout des étudiants, sa deuxième famille » (il passait le plus clair de son temps à la bibliothèque de l’université de Dakar ou son papa officiait). Ce n’est pas anodin si le concert a été ouvert par de très jeunes artistes débutants réunis au sein du collectif Natangue Art qui ont remixé à la sauce hip-hop, r’n’b et dancehall des chansons mythiques tels que Woudiou Yaye ou Agresseur. Après cette entrée en matière, Bakhaw du groupe Da Brains est venu apporter sa touche hip-hop à la chanson Laax Jaay en compagnie du jeune Djibril avant que la jeune chanteuse saint-louisienne Mayna n’arrive sur scène avec sa guitare. Son interprétation de Dunya Soubeu a fini de convaincre toute la salle du Grand Théâtre National de Dakar de son immense talent. Elle ouvrira ensuite le Happy Day sur un air de We Sing In Time en compagnie des artistes qui l’ont précédée sur scène avec toujours sa guitare comme seul instrument. Il fallait bien une touche de reggae et c’est le rappeur Awadi « le super ndanane international » qui est venu l’apporter avec son remix de Ndanane en compagnie de ses musiciens. Il terminera sa partition avec quelques notes de Yaye Boye. Baba Hamdy a gratifié la salle de quelques notes de jazz avec son clavier accompagné de Cheikh Anta aux percussions et Kamal a la voix pour interpréter Yaral Sa Dom, Diamono et Dorobé tirés de son album hommage à Omar Péne « Péne Melodies ». Durant cette dernière chanson, le public a spontanément joué les notes de batterie avec leurs applaudissements. Pour conclure cette partie hommage, Go Ndiaye est venu de Rufisque pour chanter Bana, chanson qu’Omar Pène a dédiée à son épouse dont il dit qu’elle « a plus de fans que moi, les gens l’aiment plus qu’ils ne m’aiment ». La salle a fait un standing ovation lorsque lead-vocal du Super Diamono a rendu ce vibrant hommage à sa douce et tendre.

 

C’est un retour aux sources disait-on. Ça l’est aussi au niveau de l’ouverture et de la recherche. On se souvient que l’album Casamance, sorti à leurs débuts, est le fruit d’un séjour dans la région du même nom (sud-ouest du Sénégal) durant trois années pour s’imprégner des sonorités et instruments locaux. Cette production avait donné ce mélange de jazz et de rythmes locaux propres au Super Diamono. Cette recherche les a aussi souvent poussés à s’accompagner de musiciens étrangers (on se rappelle du claviste anglais Kevin dans les années 90). Cette fois-ci Omar Pène est allé dans le grand froid de la Finlande nous ramener Aino Kurki une joueuse de Kantele et Sonja Korkman une choriste qui l’ont accompagné durant la première partie de son concert.

Cette première partie justement était réservée aux chansons tirées de ses albums acoustiques. Après Myamba pour l’ouverture, Tiki-Tiki a servi à présenter les jeunes musiciens du Super Diamono 4G : Papis Ba à la guitare bass, Babacar Diop a la batterie, Macoumba et Kara aux percussions, Jislass et Ema aux trompettes, Stachi au trombone, Dadi à la guitare électrique, Ablaye Seye aux claviers, Yaba au clavier Marimba et l’inamovible Noumoucounda Cissokho à la kora. Cette partie acoustique a viré aux mix africains avec des sonorités de Ndombolo, de couper-décaler pour finir avec Sama Nitt.

L’intermède a été l’occasion de présenter l’autre relève : Assane Pène, le fils d’Omar. Un peu timide à son arrivée sur scène, celui que son papa ne souhaitait pas voir devenir chanteur a repris d’abord la chanson Sama Yaye (Ma mère en wolof) de son papa avant d’interpréter sa propre composition, Sama Baay (mon père en wolof) dédiée à ce dernier sur un mbalakh très dansant. Sa ressemblance vocale avec son père a bluffé la salle, de même que ses pas de danse qui rappelle encore un certain… Omar Pène. Cette chanson a servi de transition à la partie mbalakh du concert.

Le Super Diamono 4G l’a ouverte avec des notes de diambadong (sonorité du Sud) au diembé pour introduire le titre Jëlina La. Thione Seck est venu le rejoindre sur scène pour exprimer toute sa joie de se retrouver aux côtés d’Omar Pène. Il en a profité pour adresser un satisfecit aux nouveaux musiciens du Super Diamono. La diva sénégalaise Soda Mama Fall de l’Ensemble Lyrique Traditionnelle, griotte attitrée de la famille Pène, a relevé la chanson d’amour Di La Beug de sa grande voix et a rappelé à la salle la grande lignée à laquelle appartient Omar Pène. Ce fut ensuite le tour de la superstar Youssou Ndour, en compagnie de Mbaye Dieye Faye, de faire lever la salle. Sa présence était doublement symbolique. D’abord une amitié d’une quarantaine d’années lie les deux hommes, ensuite le roi du mbalakh jouait le même soir à Saint-Louis (270km au nord de Dakar). « Omar, je t’avais dit de ne pas te préoccuper de moi et du comment je ferai pour être ici mais je savais quoi qu’il se serait passé, je serai là. Je suis là. L’importance que j’accorde à ma présence ici m’a fait jouer plus tôt à Sait-Louis » a-t-il expliqué avant de poursuivre « Omar, nous sommes tes fans ! Nous avons beaucoup appris de toi. Ah ! Si les gens savaient tout ce que tu refermes ici (en pointant la tête d’Omar Pène). Dieu fasse que tu le sortes un jour ! ». Visiblement Omar Pène avait du mal à retenir ses émotions. Ensemble ils ont chanté la version de Silmakha sorti en 1996 dans l’album duo des deux artistes « Euleuk Si Biir ». Il faut rappeler que lors de son précédent concert au Grand Théâtre National de Dakar en 2014, Omar Pène avait dit qu’il ne chanterait plus jamais Silmakha depuis que Youssou Ndour l’a repris et que maintenant ce n’est plus sa chanson mais celle de Youssou Ndour. Le concert s’achèvera sur la chanson Jaraaf, dédié à son club de football coeur, l’ASCC Jaraaf de Dakar. Dans la même chanson il a envoyé quelques phrases en guise d’hommage à sa femme.

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Youssou Ndour, Omar Pène et Mbaye Dièye Faye.

Au final, ses retrouvailles ont rassuré le public sur l’état de santé d’Omar Pène qui était très en forme sur scène. « Il y a quelques temps encore, nous pouvions à peine imaginer qu’un jour je pourrai reprendre un micro pour chanter » a-t-il exliqué. Il avait été alité longtemps à Paris. Il a adressé toute sa gratitude à tous ceux qui l’ont soutenu dans « les moments difficiles que j’ai traversés ». Il a tour à tour remercié le président de la République Macky Sall, ses amis, son staff et surtout sa femme Bana Ndiaye. « Nous avons traversé des moments très sombres, mais elle n’a jamais lâché. Jamais je ne pourrai la remercier assez » a ajouté l’artiste à l’endroit de sa femme. Le public a semblé tellement conquis que les deux fausses notes de la soirée sont passées inaperçues : les musiciens totalement perdus quand Youssou Ndour a entonné Happy Birthday de Stevie Wonder pour gagner du temps parce que la bougie du gâteau d’anniversaire ne s’allumait pas.

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2 Commentaires

  1. […] lever de rideau, les premières parties ont été assurées par Cheikha, la saint-louisienne Mayna qui il y a deux semaines faisait aussi la première partie d’Omar Pène sur cette même … et Abiba accompagnée de Baba Hamdy au piano. Un autre voyage, avec ces jeunes artistes qui ont […]

  2. Un groupe d’une facture exceptionnelle surout du temps de Moussa Ngom, Lappa Diagne, Bob Sène, les frères Faye (Lamine, Habib etc…)
    On ne s’en lasse jamais 👌👌👍

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