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Musique:L’Ecole du joueur de kora Ablaye Cissokho

Kordaba, deux ans après…

Pour vous convaincre que c’est important, il vous renverra aux tout premiers mots de l’hymne national du Sénégal : «Pincez tous vos koras…». Il y a deux ans, l’expérimenté joueur de kora Ablaye Cissoko, tombé sous le charme de Saint-Louis il y a une trentaine d’années, y ouvrait les portes d’une école «sans prétention». Kordaba, le nom de cet établissement, s’installe alors dans le quartier saint-louisien de Ndiolofène, où Ablaye Cissoko s’est engagé à transmettre un peu de ce qu’il a appris.

Aujourd’hui, disons que l’école se porte plutôt bien, même si le chanteur et musicien dit n’avoir pas très envie d’en faire toute une histoire : «Je veux que l’école se fasse connaître d’elle-même, à travers les enfants qui y sont et qui apprennent à jouer de la kora. Pour moi, il n’y a pas que le bâtiment. Des bâtiments il y en a partout, mais le plus important pour moi, ce sont ces jeunes filles et garçons qui ont la chance d’être autour de cet instrument, qui est un héritage que l’on doit promouvoir ». Au-delà, l’établissement devrait servir d’ «école-pilote, pour tous  les autres instruments traditionnels».

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Le professeur de kora (frère de Ablaye Cissokho) avec sa classe lors de la visite de la délégation de la Fondation Bnp Paribas et la Bicis

Ablaye Cissoko n’est certainement pas le seul à avoir rêvé d’une école comme celle-là. Alors pourquoi lui ? L’homme se dit surtout très chanceux : «Je ne suis pas meilleur que les autres, mais disons que j’ai eu de la chance. La fondation BNP Paribas et la Bicis soutiennent tous mes projets, je mesure bien mes mots. A chaque fois que je leur demande de soutenir l’un de mes projets, ils sont présents».

A côté, l’artiste «joue à gauche à droite», sans oublier qu’il peut aussi compter sur l’un de ses «jeunes frères», joueur de kora lui aussi, avec un «talent extraordinaire», et qui a choisi d’enseigner dans cette école. «Je lui en serai toujours redevable, confie l’aîné, mais il me dit toujours Ablaye, ton combat est le mien. Cela fait un moment qu’il est là, dans des conditions parfois difficiles, mais telle est notre mission».

L’école accueille des personnes «qui n’ont jamais touché à une kora, ceux qui cherchent à s’améliorer, et ceux qui veulent vraiment se perfectionner».

Sans oublier, et ce n’est pas banal, qu’elle est «ouverte aux filles».

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LES FILLES ET LA KORA

D’hier à aujourd’hui

Traditionnellement, explique Ablaye Cissoko, les filles ne sont pas autorisées à y toucher ou à jouer de la kora. On l’interdira par exemple à celles d’entre elles qui ne sont pas mariées, parce que ces koras-là sont fabriquées selon «certains rites» : «La kora vient au monde, elle est baptisée, elle porte un nom. Maintenant, dit le musicien, 98% des koras que l’on fabrique aujourd’hui ne le sont pas selon ces rites-là, et il n’y a donc pas de raison d’interdire aux jeunes filles d’en jouer».

Cette année d’ailleurs, Kordaba accueille «plus de filles que de garçons», pour «4 séances» hebdomadaires. 5 garçons à peu près, sur une douzaine d’élèves, dont les propres enfants du joueur de kora, qui était tout de même un peu réticent au départ.

Et s’il y a une chose qui lui ferait plaisir, ce serait peut-être celle-là ; «que parmi ces 12 élèves, il y en ait au moins un qui arrive à s’en sortir, pour en faire son métier. Maintenant, si les autres restent des amateurs et jouent pour le plaisir, c’est déjà très bien».

 

 

 

 

 

 

 

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