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Musique et développement en Afrique «Africa United» : un exemple réussi d’intégration culturelle au Maroc

S’il est avéré que l’Afrique peine encore à se démarquer sur le plan économique, l’on peut citer par contre avec fierté plusieurs exemples en matière d’intégration culturelle qui augurent d’un meilleur lendemain pour le continent. L’un des plus indiqués au Royaume du Maroc est le groupe «Africa United» qui, à l’unanimité met tout le monde d’accord, sur ses fiers élans qui tendent à construire une Afrique culturellement forte !

TOF AFRICA UNITED 1

Partout dans ses déplacements et prestations, le groupe «Africa United» fait référence au Royaume chérifien où il a vu le jour et est basé depuis une douzaine d’années. Son crédo est fort simple et se résume à construire et consolider une Afrique fière et culturellement forte, capable de s’imposer par sa singularité et sa richesse intrinsèque aux grands rendez-vous universels du donner et du recevoir. « C’est notre façon de témoigner notre reconnaissance à ce pays frère qui nous a accueillis et adoptés avec beaucoup d’amour », confie avec enthousiasme Fahad Bastos, leader et créateur de ce septuor dont la notoriété s’exporte depuis quelques années au-delà des frontières marocaines.

Des débuts plutôt prometteurs

La belle aventure a commencé à Moroni, à l’entame des années 2000, où le jeune chanteur passionné de la guitare a grappillé nombre de lauriers à la faveur de moult prestations. Dans la foulée, les encouragements et appels incessants de plusieurs admirateurs visant à motiver le jeune homme à opter pour une véritable carrière musicale n’ont pas pour autant ému Fahad.

« J’évoluais en solo et j’avais compilé plusieurs titres pour des perspectives artistiques qui n’étaient pas clairement définies », se souvient Fahad, originaire des Comores et ayant élu le Maroc comme nouvelle patrie en 2006. C’est notamment à cette époque où très peu de formations musicales subsahariennes avaient pion sur rue au Maroc, voire dans le Maghreb en général que le jeune musicien ressent le désir de rassembler des frères d’armes musicales pour l’une des plus belles aventures susceptibles d’impacter le milieu du showbiz africain. En effet, l’envie de voir s’éclore une dynamique de groupe, afin de célébrer ce que possède l’Afrique de plus riche pousse le jeune guitariste-chanteur comorien à s’entourer d’autres musiciens pas des moindres, tous évoluant sur la terre de la grande dynastie des Idrissides. Ainsi naît Africa United.

Tous ensemble, pour une Afrique unie et fière

Si la couleur musicale variée et très enrichie du groupe du fait des différentes nationalités qui le composent font penser à une Afrique en miniature, il faut avouer que ses prestations endiablées enivrent plus d’un. En effet, il s’agit pour Fahad et ses acolytes de réussir sur la base d’une enrichissante complémentarité, à faire ressentir la sensation profonde de l’âme culturelle de l’Afrique tout en réussissant à construire quelque chose d’unique. Dès lors le melting potes est constitué, en dehors du leader Fahad Faisol (Comores) à la chanson, d’Adnane Sidki (Maroc), Olivier Oupoh (Côte d’Ivoire), Mohamed Benzem (Maroc), David Guehassah (Côte d’Ivoire), Yann Serge Olivier et Mans D’Almeida, tous deux de la Côte d’Ivoire.

La démarche musicale novatrice du groupe qui se fonde sur un reggae root enrichi aux sonorités atypiques des différentes nationalités qui le composent d’une part, et le professionnalisme séduisant de ses membres d’autre part, reçoivent très vite des échos favorables. La reconnaissance ne tardera pas. Dans la foulée, le groupe décroche une participation au concours « Génération Mawazine » dont il sort lauréat en 2010. « Ce fut le véritable déclic dans notre carrière », se souvient Fahad. De cette aventure, plusieurs acquis sont à souligner, dont notamment, un contrat de management avec la plus grande structure de management du Maroc, qui d’ailleurs organise le festival Mawazine. Mais également, la promesse de la réalisation d’un album et deux clips vidéo totalement bouclés. Dès lors s’enchaînent les tournées, ainsi que la participation aux plus grands festivals du Royaume. Toute chose qui aura permis à cette formation musicale de se taper une notoriété bien enviable. Africa United a en effet écumé les scènes de plusieurs événements majeurs, dont on retiendra entre autres les festivals Mawazine, Jazzablanca, Volubilis, Timitar, Africano, Figuig, Merzouga. Mais également, des marchés comme le « Visa For Music » qui est catalogué comme étant le premier Salon des musiques d’Afrique et du Moyen-Orient. Sans pour autant oublier à l’extérieur du Maroc, les contributions artistiques enlevées dont le groupe a fait montre sur les scènes prestigieuses du Masa (Marché Africain des Arts du Spectacle d’Abidjan), du Lausanne Afro Fusions en Suisse, du Festigala à Paris, d’Abi-Reggae à Abidjan, et aux Iles Comores.

Une intégration réussie, un bilan flatteur…

Evoluant bien loin de leurs terres natales, les éléments d’Africa United avouent n’avoir éprouvé de difficultés réelles d’intégration. Faut-il le souligner, le Maroc a entrepris depuis quelques années de promouvoir les cultures africaines, avec la mise en valeur et la pérennisation de la nouvelle politique d’immigration et de l’asile prônée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI. Ce qui renforce la vision du groupe qui ambitionne d’abolir les barrières musicales, pour véritablement sceller les liens d’une Afrique unie et culturellement forte. « Le parcours n’a pas été sans embûches, cependant, le Maroc a été pour nous une véritable terre d’accueil qui accorde une place de choix au développement culturel. Et c’est ce qui a contribué à aplanir nos difficultés rencontrées ».

Aujourd’hui, tout bilan fait, après une douzaine d’années de parcours, Fahad étale un bilan plutôt satisfaisant, même s’il reconnaît qu’il reste beaucoup de choses à parfaire et nombre de défis à relever. « Nous avons eu le bonheur de partager des scènes incroyables avec des stars telles que Julian Marley de la Jamaïque et fils du mythique Prophète du reggae, Alpha Blondy qu’on ne présente plus, Amadou et Mariam du Mali, Jupiter and Okwess du Congo. Nous avons également côtoyé des artistes tels que Marema et Sarro du Sénégal, Carlos Lopez, Virginia Guatanemara, Spiro et avons fait la première partie de « Gnaoua Diffusion », un grand groupe algérien de renom. », s’enorgueillit Fahad.

Les prochains jours s’annoncent encore plus mouvementés pour le groupe qui multiplie sa participation aux événements culturels pour embellir son expérience. On peut retenir entre autres, pour cet été 2018 qui s’annonce très coloré, une tournée à Ténériffe en Espagne, et à Lausanne en Suisse ainsi qu’au Tchad et aux Comores, un festival de reggae au Nigéria, mais aussi, « Marahaba festival » en Tanzanie, le Festival Taza, le « We are Family Festival » à Rabat, et surtout, le Festival de Gnaoua et musiques du monde à Essaouira qui sera à sa 21ème édition du 21 au 23 juin 2018.

Par Cir-Raoul HOUNGBEDJI

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