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Musique: Entretien avec Laurent Hounsavi, artiste chanteur béninois, résidant en France

 « C’est toujours profitable de se ressourcer au pays »

LAURENT HOUNSAVI

Laurent Hounsavi : « le morceau « Djalé » est parti d’une expérience que j’ai vécue au Bénin »

Salséro béninois résidant en France, Laurent Hounsavi est un artiste qui s’affirme par la qualité de son travail. Du haut de ses 18 ans de carrière musicale, il se réjouit d’avoir enlevé le trophée dans la catégorie « Meilleur clip vidéo », au Bénin Golden Awards 2016 dont il garde de bons souvenirs. Mais il raconte également l’histoire de « Djalé », chanson culte qui a véritablement lancé sa carrière. Lisez plutôt !

Laurent Hounsavi, c’est un artiste béninois qu’on ne présente plus et qui excelle dans la musique salsa. Pouvez-vous nous dire depuis combien de temps dure cette belle aventure avec la musique afro-cubaine ?

Laurent Hounsavi : Cette aventure a commencé depuis très longtemps, surtout en France. Parce que lorsque j’étais au Bénin, je touchais à tous les genres musicaux qui marchaient à l’époque, sauf la salsa. Il faut dire que rien ne me prédisposait à faire de la salsa. Donc l’aventure avec la salsa a commencé en France avec notamment le titre « Djalé ».

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Effectivement on se rappelle l’énorme succès justement de cette chanson « Djalé » sortie en 2000. Mais dites-nous Laurent, quel a été la suite du parcours depuis ce titre qui a lancé votre carrière internationale?

C’est vrai que c’est à partir de la chanson « Djalé » sortie précisément en 1999 mais arrivée au Bénin en 2000 que ma carrière professionnelle a vraiment démarré. Mais par la suite, il y a eu l’album « Paris cubano » de 10 titres salsa avec trois différentes variantes. Ensuite, il y a eu beaucoup de participations à des compilations un peu partout en Europe. Plusieurs titres sur cet album ont intéressé de grandes maisons comme « Putumayo world music  » aux Etats-Unis qui est la plus grande maison de compilation au monde, mais également Radio France Internationale.

J’imagine que ces deux grosses maisons vous ont propulsé dans le showbiz mondial?

Tout à fait ! A partir de là, mes chansons ont commencé par être jouées dans le monde entier du fait de la politique de marketing très agressive de « Putumayo » qui rend disponibles ses albums partout dans le monde et sur tous les médias. Dès lors que ma musique est connue dans le monde entier, il y a eu des concerts et des tournées qui ont suivis. Ce qui a abouti, depuis récemment, à la sortie de mon dernier album, « LatinAfrica » de 11 titres.

Vous vivez de l’autre côté dans l’Hexagone. Comment vivez-vous votre expérience musicale ? Est-elle plus enrichissante que celle que vivent vos pairs artistes au Bénin ? Il est souvent dit que les artistes qui vivent en Occident ont plus de chance que ceux restés sur place au pays…

Je dirai oui en grande partie, parce qu’on rencontre là-bas beaucoup plus d’artistes internationaux pour confronter les expériences. Mais aussi on a beaucoup plus de moyens techniques pour réaliser des choses. Cependant, personnellement je trouve que mes inspirations sont pour la plupart du temps venues, quand je viens au Bénin. Le morceau « Djalé » est parti d’une expérience que j’ai vécue au Bénin. Pareil pour « Mandjayi o » dont les paroles me sont venues alors que j’étais arrivé au Bénin pour une tournée avec Stan Tohon en 2003. Il en est de même pour d’autres titres sur mon dernier album. Bref, je pense que c’est toujours bien de venir se ressourcer au pays.

Quant à comment je vis mon expérience là-bas, je dirai que mon parcours est un peu atypique. Même si en France on a les moyens techniques, il faut savoir que c’est difficile de vivre de son art en tant qu’artiste là-bas. Il faut dire que j’étais allé là-bas pour étudier et rien ne me prédestinait à une carrière d’artiste. J’ai fait mes études d’Administration Economique et Sociale et c’est en Licence que beaucoup m’ayant connu dans les métros m’ont encouragé à songer à une carrière musicale. Mon expérience musicale en France a véritablement commencé par le métro. Et donc, c’est depuis que j’étais étudiant, que j’ai commencé à jouer dans les transports en commun. Aujourd’hui encore je n’ai pas lâché, lorsque je n’ai pas de spectacles ou tournées en vue, je continue de faire des reprises pas forcément de mes propres chansons et à jouer dans les transports en commun, puisqu’ayant vendu la plupart de mes albums dans ces transports-là. Et c’est justement ce qui me permet de financer ma musique et d’auto-produire mes albums sans faire forcément recours à un quidam.

Il y a de cela 2 ans vous avez décroché le prix du Meilleur clip vidéo au Bénin Golden Awards qui récompense les meilleurs artistes béninois de l’année. Une récompense qui est quand même significative dans votre carrière. Racontez-nous !

C’était un honneur pour moi de recevoir ce prix, je dirai même une consécration parce que je ne m’y attendais pas, en même temps que j’espérais fortement tout comme les autres candidats de la catégorie. Parce que le clip qui a reçu ce clip a été très bien travaillé dans tous les sens du terme. C’est-à-dire que cette musique « Djalé » qui était déjà connue a été rechantée, réarrangée, remixée et remasterisée. Et à partir de là, j’ai fait un vidéo clip auquel j’ai associé un grand réalisateur Kader Allassane un compatriote qui vit également en France, les grands danseurs professionnels de Paris sur une grande place, celle de la République. Donc tous les ingrédients étaient réunis pour aboutir à ce résultat.

Comme on peut le remarquer le clip « Djalé » vous tient beaucoup à cœur alors que vous en avez également d’autres de bonne facture qui pouvaient postuler et remporter ce prix. Pourriez-vous nous raconter l’histoire de « Djalé  » ?

L’histoire de « Djalé » est une expérience personnelle, parce que quand je vivais encore tout petit, tout jeune au Bénin j’avais vécu des moments très difficiles qui m’ont marqué voire traumatisé et j’en attribuais la responsabilité à d’autres personnes. Je me disais quand je serai grand je me vengerais. Cependant, je me suis rendu compte en France, qu’au fur et à mesure que le temps passe, on n’est plus porté sur l’idée de vengeance, puisque je vivais d’autres expériences plus intéressantes. C’est de là qu’est partie l’idée de « Djalé » (le pardon) où j’exhorte à pardonner quelle que soit l’offense. Parce qu’en définitive qui sommes-nous pour ne pas pardonner ? Cette chanson me tient donc tellement à cœur que j’ai dû en faire un remix dans le but de toujours permettre à cette génération qui ne l’avait pas découverte de l’écouter et de s’en inspirer. Et donc vu que mon éloignement n’a pas permis qu’elle soit bien jouée, j’ai voulu la reprendre et proposer le clip au BGA.

Quels ont été vos sentiments au couronnement de ce tube qu’est « Djalé »?

J’étais très heureux, mais c’était surtout un sentiment de grande fierté et je m’étais senti conforté dans l’idée que la persévérance, le travail et l’humilité finissent par payer. Et c’est pourquoi j’avais dédié le trophée d’abord à mes fans qui n’ont pas cessé de me soutenir, et à ces danseurs et tous ceux qui sont intervenus afin que le clip soit une réussite.

Venons-en à votre actualité. Elle est faite de quoi ?

Je tourne beaucoup dans le monde entier. J’ai déjà fait plusieurs villes des Etats-Unis comme New York, Washington, Santa fé et beaucoup d’autres. Mais je tourne surtout beaucoup plus en Asie. J’ai commencé depuis 2006 notamment avec le festival de Hong Kong, à Bangkok (Thaïlande) dans les concerts, à Taïpé (Taïwan), Bali (Indonésie), Singapour, Pattaya… etc. Je suis également attendu à Madras (en Inde) pour un festival, puis ce sera le tour de la Thaïlande avant de retourner en France, juste avant il y a Rio de Janeiro (au Brésil) sans oublier qu’après ce sera le tour du Bénin.

L’autre chose, c’est un grand festival que je suis en train d’initier et par lequel j’entends soutenir mes frères et j’espère que les autorités compétentes et les partenaires surplace nous accompagneront afin de nous permettre d’aller au bout de cette initiative. Le festival aura lieu une année en France et l’année suivante au Bénin. Une conférence de presse viendra pour mieux préciser les choses.

Je profite pour remercier tous mes fans, mes parents et amis qui n’ont pas arrêté de me soutenir, mais également exhorter mes frères béninois à continuer à travailler. Merci à toute la presse béninoise et à vous particulièrement !

Propos recueillis par Cir-Raoul HOUNGBEDJI

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