ARTS VISUELS

L’éveil en chemin, Les chemins de l’éveil

« Nous voulons notre éveil, revenir chez nous, à ce que nous sommes intimement, mais nous n’y croyons plus ou pas vraiment, et tout ce que nous faisons, c’est de relancer la machine à rêves pour une nouvelle histoire ».
Denis Marie

 

Une histoire qui lance une nouvelle page et crée une image par les rayons du soleil qui éveillent et réveillent nos pensées endormies au fond de nos âmes. Avec un regard perçant, nous cherchons cette nouvelle histoire qui ouvre une fenêtre dans l’espoir et commence avec « Plein’Art Mouvant » par et vers la lumière et le silence des étoiles. Au jardin de l’âme, nous cherchons aussi les couleurs de l’Univers et nous tendons les mains vers les rêves.

Tout chemin appartient au rêve où l’éveil est une révolution intérieure d’un brillant esprit. L’éveil provoque une voie et un cheminement par le présent et au cœur de l’instant présent. Il est le passage de ce que nous croyons être à ce que nous sommes réellement. Cet éveil est notre Réalité véritable. De plus, notre Nature est éveil, c’est nous qui doivent connaître l’ouverture naturelle qui sous-tend toute conscience. C’est rencontrer en nous l’éclat spontané de la paix et du bonheur. « Le bonheur n’existe pas, il n’existe que des instants de bonheur », dit Voltaire. Dans cet esprit de la recherche d’une dynamique d’équilibre qui nous apporte des instants de bonheur, les membres-lumières du « Plein’Art Mouvant » ont présenté au silence une installation-performance nommée métaphoriquement « L’éveil en chemin », afin d’ouvrir des chemins d’éveil de notre conscience. Ce chemin de l’installation-performance est construit par des cercles tissés en fils de soie, afin de tresser et dresser le regard de chacun.

Cette compréhension de l’éveil tissé en chemin de cercles invite à changer continuellement notre façon d’entrevoir notre réalité et pour transformer avec le temps notre société. Les cercles réalisés s’inscrivent dans l’esprit de l’art dit contemporain en dépassant les règles traditionnelles du tissage et en focalisant notre attention sur les jeux du regard et de l’espace entre l’immuable et le mouvant, le plein et le vide, l’ici et l’ailleurs.

Cercle après éveil, il rend compte de la nécessité de se déconditionner des formes de pensée automatique qui nous caractérisent, nous permettant ainsi d’aborder une vision plus globale du monde. Nous connaissons cet aphorisme « Connais-toi toi-même », mais comment faisons-nous pour se connaître et connaître cette prise de conscience, afin de rester éveillés constamment ? Il y a une « lumière » derrière tous nos actes, « une ouverture » qui est la condition première à toute expression, au sein duquel nous pouvons créer et saisir le passage du changement de l’imaginaire à l’imaginaire du changement. D’ordinaire, nous attendons une « nouvelle vie » demain, alors que nous sommes cette vie même que nous cherchons. Une lumière qui jaillit d’un cercle à un autre pour se voir, se recevoir tel que nous sommes et pour aborder le monde d’une manière éclairée, plus critique et plus ouverte face à notre perception de ce que nous nommons, notre réalité. Cette installation-performance invite le spectateur à entrer dans une interrogation consciente face à sa réalité qu’il perçoit et qu’il vit. Si chacun de nous s’autorise à entrevoir des chemins de l’éveil doit se connaître et reconnaître l’espace éveillé qui est déjà là.

« Tout n’est que perception et représentation », écrit Edmund Husserl. Nous ne savons pas qui nous sommes vraiment. Nous avons appris à nous qualifier, à nous juger, mais cela ne nous ouvre pas à une connaissance de nous. Cela ne correspond qu’à une simple représentation de nous établie par notre mental mais ce n’est pas nous. Nous, c’est ce que nous sommes ultimement en notre Être. Le collectif du « Plein’Art Mouvant » tend également à tisser l’être à travers un geste qui, successivement, nous permet d’entrer dans un autre cercle, un cercle autre celui de l’éveil de notre spiritualité.  Cette dernière caractérise une forme de relation particulière avec des éléments qui se situent au-dessus de nous. De cela, peut découler la créativité et les formes de ritualité mentales nouvelles, adaptives et innovantes. L’installation-performance « L’éveil en chemin », nous incite à naviguer sur des voies alternatives qui feront naître en nous de nouvelles visions et de nouvelles opportunités.

Dans notre monde actuel, complexe et en perpétuel changement, il existe plusieurs chemins pour être heureux et vivre en harmonie avec nous-même et notre environnement. Ces voies, qu’elles soient matérielles, spirituelles, affectives sont presque toujours liées à la façon dont nous percevons le monde et notre réalité et à ce qu’elles représentent pour nous. Autrement dit, il s’agit de nos rapports avec autrui et l’univers selon la façon dont nous voyons le monde qui nous entoure avec tous les évènements qui tissent la toile de notre vie. Cependant, ce que nous percevons n’est pas la réalité, mais juste un aspect de celle-ci, qui est seulement accessible à notre potentiel d’analyse et de représentation. À travers cette pratique artistique tissée et en fonction de notre regard, cette réalité dans laquelle nous vivons nous apparaîtra différemment en ouvrant la voie à l’éveil pour changer notre manière de voir le monde et d’appréhender le réel. Mais pour changer, il faut être conscient de la nécessité du changement, afin d’être heureux.

À l’heure actuelle, nous appartenons tous à un milieu culturel précis qui va sculpter notre perception du monde. Quoi que nous fassions, nous subissons l’influence de notre histoire. Mais, notre esprit critique et notre capacité de nous interroger nous permettent de rêver d’une nouvelle histoire et de se déplacer et se placer dans chaque cercle tissant « l’éveil ». Ainsi, est-il encore possible de créer notre propre philosophie de vie et mettre en place une forme de pensée libre ?

Voir la liberté, c’est être libre. Voir l’espace, c’est voir la liberté. En « Plein’Art Mouvant », nous avons tissé l’espace de chaque cercle pour éveiller l’autre à travers un autre espace qui existe invariablement. Nous avons à Voir, à expérimenter l’espace inaltérable, à ouvrir le chemin d’éveil et nous laisser ouvrir, à être spacieux. Si l’espace du regard est libre, alors nous sommes également libres dans l’espace. D’un appel profond en nous, nous ne sommes pas sorties de l’éveil, de notre vraie réalité et de notre Être. Un éveil d’une démarche spirituelle qui passe par se mettre en paix avec nous-mêmes. De là où nous en sommes, d’où nous partons, nous avons le choix de nous « en-visager » ou de nous « dé-visager ». En tenant chaque cercle « d’éveil », nous avons la possibilité de faire un pas en avant comme un rayon de lumière qui éclaire la situation, aussi sombre soit-elle, aussi sombre qu’est notre regard. « L’éveil en chemin » inverse notre regard et recrée du possible. Il nous invite également à couler dans le flot de l’instant.

« La vie c’est maintenant et maintenant c’est la vie, il n’y a pas de vie en dehors de cela (…). La vie en nous est directe, sa lumière jaillit comme d’un soleil (…). Jamais nous ne sommes séparés de notre propre lumière. Nous sommes la lumière jaillissante », écrit Maria Paz Marino. Ainsi, comment voir clairement, afin de profiter pleinement du spectacle de la vie ?

En y regardant mieux, nous pourrions revoir notre chemin « d’éveil ». En y regardant plus à fond, nous posons la question : Savons-nous ce que nous voulons au fond ? Peut-être cette question nous ne l’avons pas formulée et qu’elle est restée là dans l’ombre. À travers cette installation-performance, les membres du « Plein’Art Mouvant » ouvrent le chemin vers la lumière en une sorte de remise en question de la nécessité même de voir et revoir la vie autrement et différemment. Qu’est-ce que nous voulons réellement et quel est notre réel désir ? Cette question nous regarde, et sans que nous ayons encore trouvé les premiers mots d’une réponse, déjà notre ressenti change. Notre désir de vivre la joie de la vie permet à chacun de nous de se redécouvrir comme « autre ». Il y a en nous comme un autre, une ouverture, une présence accueillante de toute joie ouvrant la voie à l’éveil et à la vie en un instant impressionnant. Si « la vie est maintenant et maintenant est la vie », il n’y a pas de vie en dehors de l’instant. Encore, si nous sommes « la lumière jaillissante », nous pouvons pleinement nous reposer là, dans l’instant. C’est se libérer de tout repli, afin d’être pleinement dans l’espace de l’instant, au contact de notre Être en s’ouvrant soi-même par « l’éveil en chemin » qui finalement ouvre les chemins de l’éveil. La vie n’est pas une succession de « maintenant » des bouts de présent qui s’enchaînent. Ce « maintenant » est le même qu’hier et le même que demain, ce n’est pas un autre « maintenant », mais c’est la continuité de la vie à laquelle nous sommes tantôt conscients, tantôt inconscients.

« L’éveil en chemin » en tant que pratique artistique tissée englobe plusieurs temporalités ; temps de tissage, temps de performance et surtout temps du regard. En effet, quand nous regardons bien, nous n’existons pas pleinement « maintenant ». Une part y est et une autre s’en détourne et s’invente un ailleurs, un autre temps. Elle se déconnecte du « maintenant » dans la projection d’idées dans une représentation. Mais, notre défi à travers cette installation-performance est de nous rapprocher du « maintenant », arriver à « l’éveil » et être entièrement dans le « maintenant ». C’est voir comment « maintenant » est le cœur de la vie, là où tout se joue, là où il y a un pouvoir de création. Nous existons ici dans cet espace où nous sommes, dans la vie et en « Plein’Art Mouvant » pour comprendre ce « maintenant » qui ne peut être compris que par le « maintenant ». Celui-ci s’actualise dans une ouverture créatrice, au sein de laquelle une matière-émotion émerge librement comme un nuage dans le ciel. Seul le ciel connaît le ciel. Ainsi, il nous faut passer de la pensée à l’espace même de la pensée, celui qui est éveillé. Dans ce silence nouveau et rafraîchissant du « maintenant », nous commençons à adopter un regard intérieur et voir en nous une vibration et une énergie créatrice. Oui, en « Plein’Art Mouvant » je suis une lumière qui éclaire un champ qui est également ouvert à une nouvelle ère de recherche et d’action, d’imagination et de création.

 Ikram Ben Brahim[1]

[1] Artiste plasticienne, Enseignante universitaire, Théoricienne de l’art, Docteur en Sciences et Techniques des Arts, Présidente de l’association « Plein’Art Mouvant », Chercheuse en esthétique et histoire des Arts Plastiques.

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