LITTERATURE

Hommage : Bernard Binlin Dadié , 103 ans d’engagement pour la culture

C’est ce 09 Mars 2019 que Bernard Binlin DADIE a quitté ce monde. Un monument des lettres africaines, natif de la Côte d’Ivoire qui disait ceci lorsqu’il recevait en 2016 le premier prix Jaime Torres Bodet de l’Unesco : ‘’Ecrire est, pour moi, un désir d’écarter les ténèbres, un désir d’ouvrir à chacun des fenêtres sur le monde’’

Un confrère ivoirien, Amadou S. de Farafina Culture, qui a eu l’occasion de le côtoyer, lui rend hommage.

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La Côte d’Ivoire l’a immortalisé en baptisant son plus grand temple de la culture en son nom. En janvier 2016 le Palais de la culture de Treichville devenait le palais de la culture Bernard Binlin Dadié. Un symbole qui s’ajoute aux hommages rendus à d’illustres hommes de culture que son Kodjo Ebouclé, Jean Marie Adiaffi, Ernesto Djédjé, François Lougah et Christian Lattier, dont les salles portent les noms. Cette reconnaissance, ma foi, a tout son sens ce 9 mars 2019, date à laquelle la grande faucheuse a décidé d’emporter le ‘’Pépé’’ de la littérature ivoirienne à 103 ans. Si malgré son âge avancé l’annonce de cette disparition eu l’effet d’une onde d’un choc, c’est que BBD est une valeur inestimable de la littérature, de la culture et de la politique ivoirienne.

Grand Prix littéraire d’Afrique noire, Premier Prix James Torres Bodet de l’Unesco, cet autre père de la littérature ivoirienne (romancier, poète, dramaturge) a passé toute sa vie au service des arts et de la culture. Il a été le tout premier ministre de la Culture de Côte d’Ivoire. Il est resté constant dans son engagement politique jusqu’au soir de sa vie.

Bernard B. DADIE, un Mythe Vivant

Ma première rencontre avec Bernard B. Dadié a eu lieu chez lui à domicile. Une circonstance heureuse l’avait permise. Seydou Badian écrivain malien était l’invité d’Akwaba Culture qui organise, chaque année, le Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone. Le père de ‘’Sous l’orage’’ était allé faire ses civilités à son aîné à Cocody, dans sa villa mitoyenne au siège du Médiateur de la République, non loin de l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC). Bernard Dadié était juste en face de moi, souriant. A cet instant passa dans ma tête, à une vitesse vertigineuse, tout le mythe qu’on avait construit autour de lui. Pas grand-chose. Mais, quel élève ivoirien n’a-t-il pas lu un texte de Dadié? Son personnage Climbié était connu de tous. Les dictées interminables de ses écrits, les séances de lecture qui se faisaient sous la menace de la chicotte de l’enseignant, et enfin les répliques de ‘’Monsieur Thôgô-gnini’’ qui faisaient pouffer.

Jeune journaliste culturel, j’avais eu l’occasion de le voir à des rencontres littéraires, des colloques et des hommages à lui rendus jusqu’au colloque célébrant son centenaire en 2016 par l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et de la diaspora africaine (ASCAD), société savante. 1906-2016, Bernard Dadié venait de dépasser les 100 ans de vie. Le colloque de l’Ascad s’est tenu sur deux jours. Bernard Dadié, le père, l’époux, l’ami de combat, l’écrivain, l’homme politique… était passé au peigne fin.

« Haute figure des belles lettres de la vie politique africaine », selon Nicole Vincileonie spécialiste de Dadié, « homme de combat » pour Séry Bailly, « Porte-voix des sans voix » pour Aïdara Daouda, l’écrivain n’avait rien perdu de son engagement et de son élégance. A 100 ans, il n’était pas courbé par le poids de l’âge et était encore bel homme.

L’homme des lettres était soucieux de la postérité. « Ecrire pour moi signifie désire d’abattre les forages, désire de capter les ténèbres, de montrer la lumière d’imposer sa pensée. De s’ouvrir et d’ouvrir à chacun des fenêtres du savoir », avait-il déclaré.

Ce 9 mars, il a déposé son stylo à jamais, rejoignant ainsi son épouse qui l’a précédé dans l’au-delà.

Amadou S.

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