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Dak’Art 2018 : Le vidéaste malgache entre connexion émotionnelle et mémoire

A l’ancien Palais de justice de Dakar qui abrite les expositions «In» de la 13e édition de la Biennale de Dakar, les luminaires surplombent des articles de décoration très colorés en plastique. Ici, l’art vidéo offre aussi un beau tableau. Et dans l’une des grandes salles situées dans la partie gauche, l’on découvre une installation vidéo qui attitre l’attention des visiteurs, vue la technologie. C’est l’œuvre de l’artiste-vidéaste malgache, Rina Ralay-Ranaivo, intitulée : «Lettre aux absents».

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Il s’agit d’un travail centré autour de ses parents. Il a décidé d’écrire à sa mère qu’il a perdue très jeune (à l’âge de 6 ans). Son père a décidé de partir, de les abandonner ses sœurs et lui. «Quand j’ai fini à peu près mes années universitaires, donc 10 ans après, j’ai décidé d’écrire cette histoire familiale  sous forme de vidéos qui sont présentées dans l’installation», explique-t-il.

Sur l’un des murs, est projetée une lettre pour son père. Elle traduit le vide autour de l’artiste, la déception, mais aussi la sobriété, puisque déjà, à l’entrée, on voit une sorte de chemin balisé par un sillon de sable rougeâtre pour montrer la route. Et au niveau d’une marche d’escalier, on retrouve une feuille sous une dentelle blanche où est écrit un long poème dédié à sa défunte mère.

Dans des pièces avec une lumière lugubre, quatre petits écrans devant un vidéoprojecteur font défiler des images de paysages et grands espaces.  L’installation autour de sa mère s’intitule : «Face à la mer». Elle est la première lettre de sa mère qui accompagne ce texte sur le textile reposant sur le sol. La lettre dédiée à son père s’intitule : «Nous habitions l’absence». L’artiste y montre que «l’absence serait le nouveau territoire. Mais nous allons nous retrouver».

Dans la vidéo pour son père, la nature est très présente, verdoyante. Mais à la fin, il y met du feu, comme pour brûler son histoire, tendre vers l’oubli. L’espoir demeure cependant, avec cette couleur chaude : le jaune.

A travers ses métaphores, Rina Ralay-Ranaivo montre ses sentiments, ses peines et ses émotions. Il renseigne avoir travaillé sur la thématique en réalisant beaucoup de séquences autour d’espace vide. «L’espace nous rappelle la famille, le foyer, le lien qu’on entretient avec d’autres personnes qui sont de notre famille. Mais, finalement, tout ça, je ne l’ai plus. Ma famille actuellement, c’est mes deux sœurs. Je n’ai plus de contact avec ce qu’on connait en Afrique : la grande famille», se désole-t-il.

Né en 1984, le domaine de prédilection de Rina Ralay-Ranaivo s’articule essentiellement autour de la mémoire et du corps, son histoire personnelle qu’il partage souvent dans ses œuvres. «Pour moi, le corps est quelque chose qui garde la mémoire. Quand on essaye de se remémorer quelque chose, il y a une part de tristesse, de mélancolie, de douleur. Dans mon travail, l’émotion est primordiale», dit celui qui vient de découvrir la Biennale de Dakar, «dans un beau pays de poètes et de poésie».

Adama Aïdara KANTE

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