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Dak’Art 2018 : La Corée pose le débat sur les autres langues à travers le ‘’Hangeul’’

La 13e Edition de la biennale de l’art africain contemporain de Dakar s’est tenue du 03 Mai au 02 Juin 2018. Au-delà du continent africain et de sa diaspora, plusieurs pays d’Amérique, d’Europe ainsi que de l’Asie étaient au rendez-vous afin de faire connaitre leur culture. Le cas de la Corée qui a organisé au Musée Boribana une exposition intitulée Others Languages soit Les Autres Langues à laquelle ont pris part une dizaine d’artistes coréens, trois artistes africains (Hamedine Kane, Max Mbakop, Jihan El Tahri) et des allemands (group oMo). 

A travers les autres langues, les Coréens souhaitaient que le public s’attarde sur une langue, le Hangeul mis en place par la Corée afin de se départir de l’influence Japonaise. Le Hangeul, c’est l’écriture coréenne qui est à la fois artistique et hautement scientifique.

Pour l’Ambassadeur Madame Hyo Eun Kim qui a quitté le Sénégal le 08 Mai 2018, ‘’l’objectif de ce thème est d’éveiller l’intérêt des sénégalais, et des africains en général, pour les autres langues nationales, en particulier la langue coréenne « le Hangeul ». Il défend également l’usage postcolonial des langues nationales et offre aux langues africaines, telles que le wolof, une occasion de mettre en avant leur rôle et leur valeur traditionnelle dans la société moderne.’’  Un extrait de son discours conforté par le président de la Korea Fondation.

Sig-hyung LEE ayant financé une partie de cette exposition, affirme avoir vu une occasion de faire connaitre la culture coréenne au-delà de l’Asie, en Afrique surtout où il n’exclue pas de soutenir d’autres projets. Dans un entretien qu’il nous a accordé, il a rappelé que Korea Fondation a été créé il y a 36 ans. C’est une organisation qui dépend du ministère des affaires étrangères mais elle bénéficie d’une certaine autonomie et sa principale mission est de diffuser la langue et la culture coréenne dans le monde.

Ils étaient présents au vernissage de l’exposition qui a eu lieu le 07 Mai et qui a été précédé par une conférence sur ‘’ Autres langues comme mouvement culturel postcolonial ‘’. Le premier intervenant Sung-Ho KIM (critique d’art, PhD Esthétique), est revenu sur l’anglais et le hangeul comme langage critique postcolonial contemporain en Corée du Sud. Le professeur Ibrahima Wane (Pofessor, PhD Linguistique), a parlé du  français et du wolof comme langage critique postcolonial contemporain au Sénégal. C’était en présence d’Abdoulaye Racine Senghor administrateur du Monument de la Renaissance Africaine qui a salué l’organisation d’une telle conférence qui permet de mettre en avant la richesse des autres langues mais aussi l’avantage des langues dominantes qui permettent au plus grand nombre de pouvoir échanger. Jihan El-Tahri, Kyung-Ho Lee étaient les deux artistes de l’exposition qui ont pris part à ce panel.

Comprendre les autres langues

« Le thème appelle à la compréhension et à l’intérêt pour les autres langues de la part des pays africains dont le Sénégal », a renseigné le directeur artistique Sung Ho Kim. A l’en croire, à travers cette exposition, ils convoquent l’usage pragmatique des « autres langues » de même que la langue coréenne « hangeul » et son usage postcolonial, « de la même manière dont le siècle où nous vivons convoque « L’heure rouge » et « Une nouvelle humanité ». Se référant au thème de l’exposition, les artistes coréens font découvrir de sublimes et merveilleuses œuvres avec une prédominance pour les installations visibles présentement au Musée Boribana jusqu’au 2 juin. C’est le cas de l’artiste coréen Jae ok Lee. A travers l’œuvre présentée, il fait une réinterprétation picturale du style d’écriture du hangeul. Avec Jung Hee Sohn et Tal Lee, on a droit à des installations artistiques représentant consonnes et voyelles du hangeul et narrations légendaires en plus d’une installation des sculptures céramiques. Pour sa part, Tal Lee a présenté un travail d’installation qui fait front à l’idéologie de l’extermination de langues à l’ère de l’impérialisme culturel, exprimé dans un langage de l’art/art cinétique. Toujours dans les installations, l’artiste coréen Bo Seong Kim laisse découvrir au milieu de la cours du Musée Boribana, une structure géante de couleur orange, gonflable en forme de tétrapode inspirée d’un caractère du hangeul siot (ㅅ). Cette installation attire l’attention des visiteurs dès l’entrée du Musée. Les artistes invités de cette exposition spéciale de la Corée n’ont pas été en reste. Ils ont fait preuve de beaucoup de créativité dans la réalisation de leurs œuvres, se rapportant toujours à ce thème de langue.

C’est le cas de l’artiste égyptienne Jihan El Tahri. Elle a présenté un tableau sur lequel figurent deux poignées, de Black power, enchaînés où le dessin est fait en calligraphie arabe. D’après Jihan El Tahri, dans cette œuvre, elle a travaillé avec trois formes d’écriture calligraphique et en dessous du tableau, elle y a inscrit une phrase d’un poète égyptien mort en 1937.

Raffermir les liens

« Cette phrase essaie de dire que si la langue d’un peuple est humiliée, le peuple lui-même est humilié. Le colonialisme a condamné les langues des colonisés à trois condamnations. La première est que leurs langues soient emprisonnées dans sa langue, la deuxième que leur passé soit condamné à être oublié et effacé et que leur avenir restera pour toujours enchaîné dans la vision de colons », a expliqué Jihan El Tahri. Dans le même sillage, le Camerounais Max Mbakop parle des muselés à travers la représentation d’une série de 09 photos, la dictature psychologique, morale et physique subie au quotidien par les individus. « Les muselés » est une installation photo de 9 portraits de personnes qui s’expriment mais sont bloquées par une main. (plus de détails dans cet article du Soleil)

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