CINEMA

Cinéma: MAKI’LA dans la section forum de la Berlinale 2018

La 68e édition du festival international du film de Berlin est prévue du 15 au 25 février 2018. Ce sera la première sortie mondiale du film de Machérie EKWA BAHANGO dans la section forum.  MAKI’LA un film qui évoque les violences faites aux femmes, la pauvreté et la délinquance. Le film a bénéficié de plusieurs financements mais sur le plan technique et casting, il est 100% congolais et a été entièrement tourné à Kinshasa. Et c’est le premier film de la réalisatrice âgée de 24 ans, une passionnée du cinéma, mannequin et titulaire d’une licence en droit. Elle a bien voulu accorder une interview à Africulturelle.

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Machérie EKWA BAHANGO Crédits Photos: DR Google

Africulturelle : Bonjour Machérie Ekwa Bahango. Vous êtes la scénariste et réalisatrice du film MAKI’LA qui fera sa première mondiale dans la section forum de la Berlinale 2018. De quoi parle ce film ?

M.E.B : Maki’la parle de la vie dans la rue. Le film raconte l’histoire d’une jeune fille de la rue, Maki, qui essaie de s’échapper de son mariage basé sur la violence et l’exploitation.  Maki est arrivée dans la rue à l’âge de 13 ans, elle a été accueillie par un caïd de la rue  « Mbingazor » qui, au début l’a protégé, ensuite lui a appris à survivre dans la rue par la prostitution, le vol et autres moyens… Et plus tard ils se sont mariés. Mais très vite Maki se lasse de la violence qu’elle subit de son homme. Elle décide de le quitter et de se cacher dans un garage abandonné. C’est là qu’elle fait la rencontre d’Acha, une jeune petite fille de 13 ans qui arrive nouvellement dans la rue. MAKI la protège à son tour, et prend soin d’elle comme sa petite sœur. Entre temps, Mbingazor qui est à la recherche de Maki, apprend que sa femme est devenue lesbienne. Animé de jalousie, Mbingazor fait vivre l’enfer à Acha, ignorant que c’est sa propre petite sœur dont il s’est séparé alors qu’elle n’avait que quelques mois à sa naissance. Le film évoque la question des violences faites à la femme, le viol, l’extrême pauvreté, la délinquance, tout l’univers de la rue.

Comment est né ce projet ?

Au départ, il y avait d’abord une envie, une passion, celle de faire simplement un film. J’avais envie de faire un film pour m’essayer et pour exister en tant que cinéaste après tout ce que j’avais appris sur internet et arriver à MAKI’LA. Ce qui m’a inspiré cette histoire ce sont mes expériences personnelles et mes rencontres. Je voulais faire un film sur l’amour et une amitié profonde entre deux jeunes femmes. Et c’est en réfléchissant sur ce qu’aurait de particulier cette amitié que j’ai pensé à un groupe d’enfants de la rue que j’avais rencontré autrefois. Où J’ai découvert que les enfants et les adolescents qui vivent dans la rue ont beaucoup de rêves: ils vivent des amitiés et des histoires d’amour. Malgré les horreurs que de nombreuses personnes associent à l’itinérance, la vie quotidienne des jeunes dans la rue montre toute la gamme des sentiments humains. Et c’est ce que je voulais montrer au monde dans mon film. Et j’ai choisi d’accentuer sur les personnages féminins parce que ce n’est juste pas très facile pour les jeunes femmes dans la rue, elles sont plus victimes plus exposées quoi que la rue n’est pas un lieu pour personne, garçon comme fille.

 

MAKILA affiche 22MB

Entièrement tourné à Kinshasa

Où est ce qu’il a été tourné ? Quelles étaient les conditions du tournage ?

 Le film a été entièrement tourné à Kinshasa, dans les rues et coins de Kinshasa. Le tournage s’est fait en plusieurs étapes avec des pauses imposées par les moyens financiers. Le tournage a commencé en décembre 2015 et s’est achevé en Avril 2017. J’ai tourné avec une équipe technique à 100% constitué des congolais. Nous avons tourné avec le strict minimum au niveau technique: une camera avec deux optiques à l’image, une perche et un enregistreur. Nous avons éclairé les scènes de nuit avec 3 à 4 mandarines, en alimentant avec le groupe électrogène de mon père.

On a bénéficié de l’enthousiasme du public, partout où l’on passait en tournage, on avait le soutien de la population, des passants, des enfants de la rue. Il n’est pas simple de tourner dans les rues de Kinshasa, parfois il y a des tracasseries de la police avec des contrôles des autorisations de tournages à tout bout de champs, mais l’équipe de régisseurs a su à chaque fois bien gérer.  Et en passant je suis très reconnaissante à la population congolaise et à tous les shegues « enfants de la rue » d’avoir soutenu le tournage de ce film. C’est à eux que je dédie ce film.

Pour le casting, il est exclusivement congolais ?

 Le casting est à 100% congolais. Je voulais tourner avec des visages pas très connus. Alors j’ai cherché des jeunes aussi passionnés du cinéma que moi-même, et on a travaillé pendant 3 mois de répétition pour nous préparer au tournage. La majorité des acteurs jouent leur premier film dans MAKI’LA.  Mais y a aussi Serge KANYINDA qui a fait ses débuts dans les rebelles,  le film de Kim Nguyen

Nous avons vu que ce film a bénéficié d’une aide à la finition du Fond Images de la francophonie. Quels ont été les autres sources de financement ?

Il y a eu tout au départ ma famille, mon père Jean-Luc Ekwa. Aussi Moi-même j’avais économisé après avoir travaillé par ci et là. Il y a eu le producteur Emmanuel LUPIA, la société Tosala Films, Orange Studio, Lennox Studios, Diffa et Inzo Ya Bizizi ; et bien d’autres soutiens de différentes natures mais qui ont permis le bon aboutissement du projet.

Depuis quand êtes-vous dans le cinéma et au tournage de combien de films vous avez participé ?

 Le cinéma est ma passion depuis toute petite… mais je suis dans le cinéma depuis 2010, quand j’ai commencé à faire des recherches sur internet pour savoir ce que c’était le cinéma, comment s’y prendre et dans quoi devrais-je me lancer. Et de là j’ai commencé à approcher quelques cinéastes que ce soit sur les réseaux sociaux ou physiquement à Kinshasa. Ces contacts  m’ont permis de travailler notamment pour le documentaire KIMPA VITA de Ne Kunda Nlaba, ensuite j’ai traduis en lingala le scénario du film Félicité de Alain Gomis et j’ai écris 6 épisodes d’une série policière sur commande  de l’ONG Américaine Search for common Ground, pour la reforme de la police congolaise.

On a lu sur Facebook vos échanges avec Alain Gomis, le réalisateur de Félicité un film tourné en partie dans votre pays. Qu’est-ce qui vous a marqué le plus chez lui et ce qu’il vous a apporté sur le plan cinématographique ?

 Je suis arrivée dans le projet de FÉLICITÉ pour la traduction du scénario, traduire les dialogues en lingala. Et de là,  j’ai échangé avec le réalisateur Alain Gomis et quand il a découvert que je me préparais à faire mon premier film, il m’a tout de suite encouragé, m’a présenté à certains membres de l’équipe et il a plusieurs fois insisté que je vienne au tournage pour voir comment les choses se passaient, d’ailleurs il m’avait dit que je pouvais figurer. Donc cette expérience dans FÉLICITÉ m’a aidé dans la pratique, ça m’a beaucoup encouragé et motivé pour faire mon film.

Après la Berlinale, quels sont les prochaines étapes du film ?

Le film va continuer à s’inscrire dans d’autres festivals, puis on verra par la suite comment s’organiser pour les sorties en salles.

Le mot de la fin ?

Je suis contente d’avoir fait MAKI’LA qui est mon premier film, on peut dire de ça que c’est ma petite identité… et je suis heureuse et reconnaissante d’avoir rencontrée toutes ces personnes formidables, mon producteur Emmanuel Lupia, mon manager, les coproducteurs, l’équipe, les comédiens, les partenaires… ; tous ceux qui ont fait que ce projet se réalise et en arrive là… Un grand merci à tous ceux qui ont cru en moi, en mon petit talent et mon audace.  Je leur suis très reconnaissante. Et donc pour finir, je dis Bon vent à cet ovni qu’est MAKI’LA comme l’a dit PIERRE BARROT en m’encourageant.

Oumy Régina SAMBOU

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