C’est ainsi que Ruth BELINGA, commissaire de l’exposition explique le choix du titre :

« En donnant  le titre « Avis de Tsunami » à cette exposition tenue au carré des artistes à Bonapriso, je voudrais dire qu’il s’agit  d’un jeu de mot, une métaphore. Le mot Tsunami est d’origine japonaise et signifie littéralement « vague du port ». C’est une série d’ondes de très grande période se propageant à travers un milieu aquatique constitué d’océan, de mer ou de  lac. Il est issue du brusque mouvement d’un grand volume d’eau, provoqué généralement par un séisme, un glissement de terrain sous-marin ou une explosion volcanique ceci pouvant se transformer et se transporter vers les côtes en vagues destructrices déferlantes de très grande hauteur.  On voit comment les écoles d’art qui n’ont que 7 ans d’existence constituent cette préparation sous-marine qui annonce une explosion. Malgré les difficultés normales qu’elles rencontrent dans leur fonctionnement, vu leur jeunesse. Donc celle d’une nouvelle génération qui va indubitablement changer la scène. Signe annonciateur d’un  mouvement, il met en scène une sélection de onze jeunes artistes formés dans les Universités et Instituts des Beaux-arts du Cameroun, dont l’écriture et le propos deviennent perceptibles. »

A travers un regard critique, les jeunes théoriciens racontent leurs démarches et postures esthétiques aux travers desquelles se dégagent des préoccupations socio-politiques, psycho-philosophiques et spirituelles. La chaleur des couleurs qui animent les tableaux de peinture, les installations et performances, annonce l’arrivée d’un vent nouveau.

Suivant les propos de la commissaire de l’exposition, « les écoles d’art camerounaises constituent déjà de véritables magmas qui bouillonnent, formant de futurs maîtres et occupants de la scène artistique de ce pays qui a longtemps gardé dans ses galeries et espaces d’arts, les mêmes noms et les mêmes figures »

Cette montée en puissance se fait ressentir dans les évènements et rencontres artistiques organisés de nos jours sur la scène camerounaise. De nouvelles faces, de nouvelles propositions artistiques sont sur le point d’être connues. Ils sont tous ou presque issus de ces jeunes écoles. Le risque est grand, celui de l’avènement d’une nouvelle génération et par conséquent, d’un bouleversement et d’un changement total d’une scène qui a longtemps stagné  malgré les bonnes volontés.

« Avis » est donc une interpellation à l’attention. Un vent de changement ou une rupture susceptible s’annonce. L’image du « tsunami » est alors synonyme  de ce mouvement fort qui se prépare dans les jeunes écoles d’art camerounaises que nous assimilons ici à cette préparation sous-marine qui va provoquer une explosion certaine et un changement indubitable sur la scène.  Ce projet d’exposition est donc un signe annonciateur d’un  mouvement. Il à présenté une sélection des jeunes artistes et théoriciens sortis ou encore en pleine formation dans les Instituts des Beaux-arts de Foumban et de Nkongsamba. Cette sélection qui se veut rude s’appuyée sur les étudiants qui commencent à avoir une écriture plastique en ce qui concerne les artistes, et, sur des jeunes théoriciens qui ont déjà fait quelques preuves en matière d’organisation d’évènements artistiques et surtout d’écriture.

Les œuvres constituées de tableaux de peinture, de sculptures, de performances et d’installations, ont été accompagnées de textes de jeunes critiques.  L’exposition compte faire le tour des autres villes du Cameroun après le SUD.

HASSAN NJOYA

Critique d’art et commissaire d’exposition